Dans le secret de son coeur
Combien d’années sont passées? Elle me les compte plus, ce qui compte, c’est son amour inexpliqué, qu’elle éprouve pour lui, oui éprouver est le mot juste, le mot qu’il faut, pour qualifier ce sentiment qui résiste au temps et à la désillusion. L’Amour de Djamila était mis à rude épreuve, comme pour savoir combien encore elle allait tenir dans cette situation où son tendre cher bien aimé ne voyait pas plus chez elle qu’une bonne sœur en Christ, attentionnée, attentive, et très généreuse. Ha ! Eroy, si tu savais comme tu étais aimé.
- Mais ! Quand est ce que tu finiras par comprendre, que tu ne peux plus te permettre de l’aimer autant ? il est désormais attaché à sa femme pour la vie, sois raisonnable Djami arrête de te torturer.
- Tu ne me comprendras donc jamais Séphora, tu as toujours été ma meilleure amie, celle qui sait tout de moi, jamais je n’ai rien pus te cacher pendant longtemps, et tu sais combien de fois je suis éprise d’Eroy, comment peux tu me demander de ne plus l’aimer ? comment ferais-je pour ne plus l’aimer ?
- Mais dis-moi, Djami ! est-ce vraiment toi qui me parles là en ce moment ? tu t’entends au moins parler ? serais-tu devenue folle ?
- Oui ! je le suis ! je suis folle, folle, d’Eroy, lui seul compte pour moi. Dit-elle les yeux larmoyants et la voix tremblante.
- Mon Dieu ! que t’arrive t-il ma sœur ? s’écrit l’ami toute renversée par la situation qu’elle n’arrive plus à contrôler. Tu es en plein délire ma grande, tu ne penses vraiment pas ce que tu dis, je crois qu’on doit sortir pour prendre de l’air, car ici on étouffe et tu dis n’importe quoi.
- Séphora, replique Djamila, pourquoi ne me comprends-tu pas ? pourquoi ne veux-tu pas me comprendre ? est ce mauvais d’aimer quelqu’un ? pourquoi j’ai l’impression que tu me juges ? j’aime Eroy et je ne m’imagine pas qu’il ait pu se marier avec une autre, il devrait être marié à moi. Tu sais les sentiments que j’ai toujours eus pour lui, les efforts que j’ai du consentir pour qu’il porte sur moi son regard, alors que me veux-tu ?
Sephora ne comprend pas son ami qui est toute affolée, la tête entre les mains, les yeux fixant le sol, elle semble perdue dans un tourbillon de pensées qui se heurtent laissant monter en elle une complainte qu’elle adresse à Dieu.
- Mon Dieu, où est ma sœur Djamila, celle là même qui te servait de jour comme de nuit celle là pour qui tu étais tout, tu l’as laissé aimer un autre plus que toi, pourquoi ? Je t’avais confié son cœur pour qu’il soit rempli que de toi, que s’est-il passé pour que son cœur en aime autant un autre que toi. Seigneur je ne veux pas accepter que l’engagement de Djamila au sein de ton mouvement au sein de l’Eglise soit lié à son amour démesuré pour Eroy, non ! Non ! Éloigne de moi cette pensée, ordonne Séphora la gorge toute nouée qui traduit une sorte de contrariété.
A ces mots la jeune Djamila fond en larme, s’affalant sur les jambes de son ami assise dans le divan qui l’accueil et essaie de la consoler d’une étreinte mêlée de câlins et de mots d’apaisement. Pendant un moment, l’atmosphère était aux pleures et à la culpabilité.
- J’ai si mal Séphora, j’ai tout fait pour attirer sur moi les faveurs de mon Dieu, j’ai gardé mon corps pour l’homme de ma vie, et voilà qu’il est désormais l’époux d’une autre, je l’ai perdu, je l’ai perdu à jamais, pourquoi !!!!
- Vas y pleure ! pleure les larmes de cette amour désormais impossible, pleure, fait le deuil de cette amour qui a assiégé ton cœur, et que plus jamais il ne te fasse souffrir, pleure ma sœur, pleure, libère toi ! libère cet amour, et laisse l’Amour renaitre en toi.
- Non Sephora, ne je ne veux plus aimer, si seulement je savais que l’amour faisait si mal !
- Tais-toi ! tu ne sais pas de quoi tu parles tu as aimé Eroy d’un amour secret, comment vas-tu espérer vivre un amour quand l’objet de ton amour n’en sais rien ! comment cet amour peut être partagé, vous deux êtes des victimes de cette amour qui n’a pas pu s’exprimer, lui ne le sais pas, et ne profitera jamais de ce si grand Amour dont je viens d’être témoin, et toi qui la vécue toute seule tu en goute l’amère saveur d’un amour non partagé. YAKO !!!
- Humm ! rétorqua Djamila comme pour laisser échapper une profonde douleur
- Dieu n’a-t-il pas dit dans sa parole « car je connais les projet que j’ai formé pour vous, dit l’Eternel, projet de Paix et non de malheur afin de vous donner un avenir et de l’espérance »Jr 29 ;11, fait de l’eternel tes délices, il te donnera ce que son désire, recommande ton sort à l’éternel, mets ta confiance en lui, il agira certainement. Ma sœur Djamila prions sincèrement notre Dieu, adorons le pour ce qu’il est Dieu, le reste il s’en charge, notre devoir sur la terre des hommes, s’est de faire sa volonté. Nous n’avons pas à lui imposer d’une manière ou d’une autre notre volonté, car lui seul sait ce qui est bon pour nous et sa grâce n’est suivie d’aucun chagrin. Tu sais il ya dans le cœur de l’homme beaucoup de projet, mais s’est le dessein de Dieu qui s’accomplit (Pv19 ; 21).
- Se relevant tout doucement pour bien s’assoir Djamila dit : Pardonne moi ma sœur, de t’avoir faire subir mes caprices, je n’ai pas à en vouloir au ciel ni à la terre si Eroy s’est marié avec une autre, en effet lui ne m’a causé aucun tort, il m’aime comme un frère dans le Christ aime sa sœur, et moi je l’ai aimé comme un amant, comme une promise aime son fiancé. L’intensité de ma douleur résulte de tout l’espoir que j’ai fondé sur la possible union entre lui et moi, mais hélas, hélas, là m’est pas mon bonheur. Me viendra t-il encore la force d’aimer autant.
- Espère en Dieu car quand le moment viendra ton cœur s’ouvrira à l’Amour pour l’homme qu’il t’a promis, si tel est que le mariage est ta vocation. Sinon tu iras au couvant et tu seras bonne sœur termine Sephora en riant,
- Hannnn !!!!! s’étonna Djamila c’est comme ça que tu me vois ? en bonne sœur ? hum !
- Ma chère sœur, tu ressemble à cette argile qui dit au potier donne moi la forme qui me plait, laisse moi te dire que le potier c’est Dieu, et nous, nous sommes l’argile, Dieu nous donnera la forme qu’il voudra et nous n’y pouvons rien. Alors arrête de te faire des films.
- Tu n’imagine pas combien j’ai honte à présent que je me rends compte que je suis dans l’erreur, cet amour pour Eroy que je ne m’explique pas et qui aujourd’hui me fend le cœur parce qu’il s’est marié, je devrais être heureuse pour lui, mais non je suis malheureuse et ce depuis l’annonce même de ce mariage, j’ai maudis le jour même où il a fait la rencontre de cette femme. Je l’ai évité tout le temps des préparatifs de son mariage tout en espérant un revirement de dernière minute qui pourrait tout faire basculer en ma faveur, mais hélas les choses se sont passées autrement. Quand lui-même est venu ici à la maison pour m’annoncer son mariage et me proposer de lui donner un coup de main à l’organisation pratique du mariage, en étant la responsable commission accueil et installation des invités, j’ai poliment refusé avec le faux prétexte que j’étais de garde la veille et que cela m’empêcherait d’être fraiche et de bonne mine, et que je risquais de ne pas respecter le timing ce qui pourrait avoir un gros impact négatif sur l’organisation, il a prit en compte mon refus, mais a insisté que je prie pour lui et pour son mariage afin que tous se passe bien, chose que j’ai accepté courtoisement de faire, mais au fond j’avais mal, très mal. Comment pouvait-il me demander de prier pour la dernière chose que j’aurai voulu voir se réaliser, chaque fois que je ferme les yeux je le vois se marier et cela m’irrite. Ha ! Sephora c’est donc ainsi que la haine s’installe dans les cœurs des gens ? non ! je ne pouvais pas haïr Eroy je n’avais aucun motif, aucune raison, il était innocent, doux et respectueux. Eroy m’aime comme une amie, comme une sœur, cet homme de principe et de valeur ne voulait surtout pas mélanger sentiment et engagement au sein du groupe dans lequel il a toujours servir notre seigneur. Comment pourrais-je haïr quelqu'un d’aussi aimable et honnête ? d’autres auraient profité de la situation, de mon moment de faiblesse pour assouvir leur inclinaison du désire de la chair, mais lui m’a toujours respecté, encouragé dans mes efforts, puisse Dieu le combler au delà de ce que je peux imaginer.
Une larme dévale le long de sa joue, la jeune fille se laisse tomber à genou, face contre terre et entre dans une complainte« Mon Dieu tu m’as donné un cœur, pour aimer tout le monde et servir le monde, et moi j’en ai aimé un seul plus que tout le monde, pardonne moi mon Dieu, je l’ai aimé plus que toi, il était mon inspiration, l’objet de mon assiduité, quand nous devons nous réunir pour te prier où mener une activité. Je n’avais d’yeux que pour lui, fantasmes sur fantasmes j’entretenais des images dans ma mémoire qui faisaient de lui mon homme et moi sa femme, pardonne moi ces imaginations déréglées. Tel que je suis laisse-moi revenir à toi, je ne suis pas digne de te le demander, mais au nom de l’Amour que tu es, guérit cette blessure que je me suis faite. Je veux désormais me soumettre à ta volonté, et comme de l’agile entre tes mains, donne-moi la forme qui te plaira mon doux Jésus. »
La main de son amie se pose sur son épaule comme pour s’unir à elle pour faire monter la prière, comme pour dire je suis là !
- Souviens toi je la jeune femme dynamique et engagée qu’est ma sœur seigneur, ne lui compte pas ce moment d’égarement, mais vois le grand Amour qu’elle à toujours manifesté pour toi, sois son soutien, sois sa force afin qu’elle reprenne goût à la vie et qu’elle te serve avec joie partout où tu l’enverras, mon Dieu écoute ma pauvre prière et exhausse nous, toutes les deux répondirent AMEN !!!
- Merci Sephora, je ne sais pas ce que j’aurai fait si tu n’étais pas passé par ici aujourd’hui, merci pour ton soutien, merci de m’aider à me ressaisir, tu es vraiment une sœur,
- Quoi de plus normal pour des sœurs d’être ensemble, pour se soutenir dans les bons ou mauvais moments, ne me remercie pas, disons plutôt merci à Dieu qui à guidé mes pas chez toi, et puis tu as toujours été là pour moi quand j’avais besoin d’assistance. Alors maintenant, comment tu te sens ?
- Beaucoup mieux, mon regard sur la situation est beaucoup moins dramatique maintenant, je me soumets à volonté de la divine providence, lui se chargera de m’aider à me relever de ma chute.
- C’est bien Djami ! je suis rassurée que tu vois les choses avec un regard plus positif, Dieu soit loué, car enfin je te retrouve.